Miremont, l'agonie d'un géant





Le château de MIREMONT
L'agonie d'un géant …



C'est carte et boussole en main qu'il faut partir découvrir Miremont.
Les archives le décrivent  imposant et majestueux, imprenable, dominant la vallée de la Dordogne et le plateau de Mauriac, sentinelle aux aguets à des lieues à la ronde ….
Qu'en reste-il aujourd'hui. Trois points sur une carte IGN, une petite inscription sur un panneau en bord de route …
Mais où est le géant d'antan, où règne encore le fantôme de Madeleine, où le sang versé par les valeureux soldats a rougi la lande ?
Peu après le village de la Forestie une petite une route grimpe à droite vers le haut de la colline et se termine par un chemin qui mène nulle part si ce n'est au milieu des près ou paissent de magnifiques Salers aux cornes impressionnantes.
Un sentier clôturé de vielles planches semble suivre le bord d'un pâturage, bordé de noisetiers et de fusains. De là on domine du Nord à l'Ouest puis plein Sud, la vallée de la Dordogne et le Limousin si proche. A l'opposé, vers l'Est, les monts du Cantal et le plateau basaltique des volcans d'auvergne.
Le château est là-bas, au bout de l'éperon rocheux, suspendu au-dessus de la vallée, gardien d'éternité.
A l'abri d'une épaisse muraille noire il est entouré d'une grande cour aujourd'hui envahie d'herbes et d'orties. Il est là, encore puissant et majestueux, malgré les ravages des guerres et du temps. Les tours, habillées de lierre, se dressent encore à une quinzaine de mètres de hauteur. D'un côté un large fossé, maintenant plein de noisetiers, le protégeait des envahisseurs. De l'autre côté, à l'Ouest, la vue est imprenable, comme l'était lui-même Miremont. Le château est  suspendu comme à la proue d'un navire. Perché sur son rocher il domine le couchant, sentinelle du moyen âge, réduit à quelques pans de murs prêts à s'écrouler.
En grimpant entre les pierres, on devine la cour intérieure et on prend conscience de la grandeur du château et de sa puissance.
Mais le géant s'est endormi, enfin presque … il reste aux aguets … on ne sait jamais avec ces Anglais …


Miremont est un château fort situé à Chalvignac dans le cantal, à une lieue nord-ouest de la ville de Mauriac. Sa seigneurie relevait en fief des seigneurs de Charlus et en arrière-fief des évêques de Clermont.
Il est situé à 640 mètres d’altitude sur un plateau basaltique au confluent du Labiou et de la Dordogne.


Sa position escarpée et d'imposantes fortifications, dont à l’Est  un rempart en maçonnerie qui fermait l’éperon, en rendaient l'abord très difficile.
A son extrémité Sud se trouvait la porte d’entrée surmontée d’une tour carrée.
Les écuries, qui étaient voutées, étaient adossées à l’intérieur du rempart.
Un espace vide était creusé d’un fossé, garni d’une contre-escarpe (tallus), qui allait jusqu’au bord d’un socle de basalte au bord duquel était bâti le château.

 

On accédait à cette seconde porte par un pont levis.
Au Sud, l’enceinte se composait d’un mur en terrasse très élevé.
A l’Ouest, le mur d’enceinte formait des angles saillants et rentrants et il s’appuyait du coté Sud à une grande tour et de l’autre à celle qui servait de donjon et qui commandait la porte.
Ses cours et ses jardins assez vastes s’étendaient entre le château et l’enceinte occidentale.



Le château de Miremont n'était pas seulement une forteresse. Il y avait bien un arsenal et une salle d'armes, mais aussi de splendides salons, où les dorures, sculptures, fresques et soies rivalisaient de beauté. Dans une des tours qui se sont conservées il y avait des fresques représentants des sujets mythologiques comme Daphné changée en laurier. Au-dessus de la cheminée, le siège du château était représenté avec cette légende : "Siège de Miremont, 1574".

Miremont, avec ses hautes tours crénelées dominant les deux rives de la Dordogne, par sa situation et sa masse imposante et par le renom de ses seigneurs,  était pour les habitants de cette partie de l'Auvergne comme pour ceux du Limousin, la merveille du pays.
Bâti sur le plateau élevé surplombant les plaines et commandant les ports de Nauzenac et de Saint Projet sur la Dordogne, Miremont était une place forte importante.

Miremont a été assiégé en 1105 par Pierre Leroux, évêque de Clermont.
Pierre Adhémar, qui en était seigneur, prétendait exercer sur les églises de l’Abbaye de Mauriac des droits de patronage qui ne lui appartenaient pas. Il avait fait arrêter et emprisonner au Château de Ventadour, Arnaud, abbé de Saint-Pierre-le-Vif, qui était venu à Mauriac pour installer le nouvel abbé.


 L'importance du château de Miremont augmenta encore après le traité de Brétigny en 1360 par lequel le Limousin fut cédé au roi d'Angleterre. De part sa situation Miremont devint une barrière contre les incursions des Anglais.
Le château fut aussi pris par les anglais en 1347, par le capitaine Robert Knoll et devint un site stratégique anglais. Il y installa le capitaine Mondonet de Badefol, un de leurs partisans gascon,  qui en fut chassé mais qui le reprit en 1374.
Pierre d’Aigrefeuille, évêque de Clermont et toujours suzerain de Miremont sera obligé d’emprunter à Jean d’Armagnac, comte de Rodez, 5000 livres pour lever les hommes afin d'assiéger le château et reprendre la place. Badefol accepta de quitter le château


Le 15 avril 1574 Henri de Bourbon, seigneur de Bourbon et vicomte de Lavedan, qui était le chef du parti calviniste en Auvergne s’empare de la ville de Mauriac. Les Etats de Pays de Haute Auvergne se réunirent à Murat et votèrent la levée d’une somme de 80 000 livres pour délivrer toutes les villes au prise des religionnaires : Mauriac, Pleaux, Laroquebrou …


 A la tête d'un fort parti catholique, Gilles de Montal, seigneur de Laroquebrou, lieutenant général du roi, dirigea le siège  devant le château. Henri de Turennes prêta main forte en se rendant à Miremont avec 300 hommes.
Pendant 50 jours, 900coups de canon ont frappé les murs de la forteresse. Le donjon en partie démoli, une brèche ouverte dans la muraille l'assaut fut donné.
Mais la garnison était très aguerrie et se défendit bien. Lavedan commandait la forteresse et Madeleine de Saint Nectaire, belle-mère de Bourbon-Malauze, partagea la défense de Miremont avec lui.



Madeleine, jeune veuve de Guy de Miremont, seigneur de saint Exupéry, était connue pour son courage, sa fermeté  et sa loyauté chevaleresque. On l'appelait l'Héroïne du siècle. Elle savait manier l'épée et commander une troupe.
         Le vicomte de Turenne fut repoussé avec une énorme perte dont vingt de ses meilleurs gentilshommes et le siège dut être levé.






                      Plusieurs grandes familles vont se succéder à Miremont entre le XI ème et le XVIII ème siècle.

                 Les  seigneurs de Mauriac-Miremont, de 1075 à 1347.

A cette époque le château appartenait  à Pierre Aymar (Adhémar) de Miremont qui vivait vers 1050. Il avait des frères, qui portaient le nom de Mauriac. La jalousie d'un de ses  frères qui voulait tout posséder l'entraina dans de longues luttes fratricides.
Pierre Aymar de Miremont eut deux fils :
·        Bernard de Miremont, l'aîné, qui partit pour la Terre sainte d'où il ne revint pas.
·        Guy de Miremont, seigneur de Miremont, auquel revint donc le Château et  qui fit divers dons aux abbayes de la Valette et d'Obazine en 1141.


o   En 1255, Guy de Mauriac était coseigneur de Miremont et de Tournemire
o   En 1515, par l’effet d’une transaction, Louise de Rilhac, veuve de Guillaume de Mauriac, reçoit pour son douaire : « une chambre à la tour neuve, aune autre chambre à ladite maison, la cave de la tour neuve, la moitié du jardin grand qui est par-devant ladite maison, la tenue d’un bœuf pour engraisser et une pipe de vin chaque an. »
o   Henri de Mauriac, fils de jean, seigneur de Miremont, a une fille qui apporte une part de Miremont en épousant Antoine de Plas, seigneur de Valon.
o   En 1580, François de Mauriac et son fils vendent pour 18 000 livres leur part de Miremont à Claude de Lévis, seigneur de Charlus et chambellan du roi.


                                     Les seigneurs de  Saint-Exupéry, 1347- 1576:

La famille de Saint Exupéry, connue depuis le 13 ème siècle était originaire du Limousin.

o   Gédéon de Miremont n’eut que 2 filles :
Ø Marthe de Miremont qui apporta la seigneurie par son mariage en 1330 avec de Hélie de Saint-Exupéry, seigneur de Saint-Exupéry-les-Roches, un village à 5 kms d’Ussel en Limousin. Ils eurent trois fils  dont l'aîné, Ebles, hérita du château qui eut lui-même plusieurs enfants dont :
·        Pierre de Saint-Exupéry, abbé d’Aurillac
·        Gaubert de Saint-Exupéry, seigneur de Miremont.

Ø Marguerite de Miremont, mariée à Olivier de Saint-Chamand qui posséda longtemps la coseigneurie de Miremont.
A la fin du XVI ème siècle, la famille de Saint-Exupéry est parvenue à réunir dans ses mains toutes les coseigneuries.

o   Guy de Saint-Exupéry, seigneur de Miremont, de Favars, du Chairol, était Bailli des Montagnes d’Auvergne en 1562.Il habitait à Pleaux ou dans son château au Dognon. Il épouse l’impétueuse Madeleine de Saint-Nectaire le 29 mai 1548 dont il eut trois filles :
Ø Rose de Saint-Exupéry, mariée à Louis de Rilhac, fils de Jean, Seigneur de Nozières.
Ø Marguerite de Saint-Exupéry
Ø Françoise de Saint-Exupéry, l'ainée, propriétaire en partie de Miremont, qui fut mariée en 1571 à Henri de bourbon-Malauze (1544-1611), vicomte de Lavedan, chef du parti calviniste en Auvergne, défenseur des droits d'Henry IV, qui termina paisiblement sa glorieuse carrière à Miremont en 1611. Louis de Bourbon, leur fils, sera condamné par les grands jours d’auvergne.

A la mort de Guy de St Exupéry le château revint à sa femme, Madeleine de St Nectaire.




                                   Famille de Bourbon-Malause, 1576-1746

                    Avec l'union de Françoise de Saint Exupéry, fille de Madeleine de St Nectaire, avec Henri de Bourbon-Malause, le château de Miremont devient un fief huguenot (calvinistes). Les batailles ravagent Miremont.
                        Le seigneur de Charlus était toujours co-seigneur de Miremont en 1585. Les deux seigneurs Claude de Levy-Charlus et Henri de Bourbon durent faire un règlement de jouissance pour partager les droits. Le premier eut dans son lot un corps de logis flanqué de deux tours, l’une carrée et l’autre ronde, la boulangerie et une cour séparée par un mur élevé. Plusieurs parties restaient indivises : une tour placée dans la cour du vicomte de Lavedan, l’entrée du château qui se faisant par un grand portail  et un pont levis dans la cours du comte de Charlus, ainsi que le bois et la chapelle, mais chaque seigneur avait sa cloche.
                            En 1747, Marie-Geneviève de Bourbon-Malause, comtesse de Poitiers, fille de Louis-Auguste vend Miremont à Louis-Hector, marquis de Simiane.
                                                  Famille de Basquiat

           Louis Hector, marquis de Simiane, achète la seigneurie, et se marie l’année suivante à Clermont-Ferrand avec Marie Esther Aldebert de Séveyrac, fille de François, seigneur de Saint-Martin et Marie-Angélique de la Vernède.
           Le château n’est plus habité depuis longtemps et couteux à entretenir. Il le fait démolir en 1777.


2 commentaires:

  1. Les Ventadour puis Levis Ventadour Charlus Champagnac et les Ventadour Ussel St Exupery furent pendant tres longtemps impliques dans le controle puis la possession de ce fief vital pour leur vicomte puis duche aux nombreuses possessions en Auvergne ! Cf ventadour duche en limousin sur ventadour.e-monsite.com

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  2. Aucune trace pour affirmer que la famille de Saint Exupéry ait un rapport avec le lieu de Saint Exupéry les Roches !!!!

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